• Chapitres


    ♣ Fan fiction en cours ♣

     

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                    L’immense laboratoire était sombre et désorganisé. Les quelques et rares néons fonctionnels, d’une couleur verte maladive, grésillaient et représentaient les seules sources de lumière dans ce qui semblait être un hangar désaffecté.
    Il y avait beaucoup de rideaux, tous déchirés et tâchés d’un sang caillé, beaucoup d’outils chirurgicaux, pour la plupart rouillés, et beaucoup de cartons, tous ou presque remplis d’ossements.
    Tout dans l’atmosphère était morbide, horrifiant, et bien trop calme.
    Le silence était ce qui pesait le plus. Les quelques gouttes d’eau qui s’échappaient de tuyaux mal soudés semblaient faire vibrer légèrement ce silence lorsqu’elles atteignaient le sol.
    Ce presque silence fut ensuite interrompu par des bruits de pas. On entendait la détermination et le dynamisme de celui qui marchait au loin. Cet homme avançait à pas lents, réguliers et sûrs. Il portait une longue cape noire qui lui couvrait tout le corps, rien ne dépassait ou presque, et de grosses bottes noires d’un cuir brut qui alourdissaient ses pas.
    Il avait l’allure d’un homme mais son aura semblait indiquer autre chose. Quelque chose de plus mystérieux… de plus monstrueux.
    Il marchait droit devant lui, suivant les néons vers le fond de la salle qui paraissait comme une petite étoile lumineuse. Plus il s’approchait de cette étoile, plus le laboratoire se changeait en une sorte d’aquarium étrange, aussi vide que l’océan pouvait le paraître au premier abord.
    Or, tout comme l’océan, il n’y avait rien de plus vivant en cet endroit. Cela n’avait plus rien à voir avec une étoile maintenant. Il s’agissait du seul endroit encore utilisé dans le laboratoire, quelque peu plus lumineux. L’homme en noir observait à présent sans bruit le spectacle qui s’offrait lui.
    Une immense cuve ronde, placée à la verticale était remplie d’une eau d’une couleur inexplicable par le jeu que jouaient les néons. De grosses bulles remontaient sur toute la hauteur, caressant au passage une peau pâle et frémissante.
    Une enfant était plongée à l’intérieur de cette étrange cuve. Les yeux fermés elle semblait assoupie. Sa respiration était rendue possible par quelques petits tubes fins en plastiques rejoignant un masque transparent recouvrant la moitié de son visage.
    Ses longs cheveux noirs de jais, ondulaient dans l’eau avec une délicatesse sans pareille. Elle était belle, elle était nue. Elle était jeune surtout, à peine dans sa sixième année sans doute…  
    Ses pieds et ses jambes, ses mains et ses bras étaient eux aussi reliés à de petits tubes en plastiques mais eux n’apportaient ni ne rejetaient d’oxygène. Dans cette atmosphère aquatique silencieuse, tout semblait calme et au repos.
    - Magnifique, n’est-ce pas ? fit une voix grincheuse.
    L’homme masqué acquiesça d’un hochement de tête à son interlocuteur qui lui tournait le dos, afféré à d’étranges outils auxquels lui ne comprenait quasiment rien. L’homme était semblable à son laboratoire : des cheveux blancs en pagaille, des vêtements sales et tâchés de sang caillé… un aspect horriblement répugnant, plein de folie. Un scientifique hystérique sans aucun doute.
    - Les Neufs s’inquiètent à votre sujet, fit l’homme masqué d’une voix sifflante.
    Le scientifique ne répondit pas dans l’immédiat, secouant distraitement une fiole en l’enfant assoupie dans la cuve qui flottait tranquillement, en attendant la suite.
    - Les Neufs, répéta l’homme avec sa voix stridente, ne voient pas comment votre nouveau cobaye arrivera à survivre cette fois.
    Un demi sourire fendit les lèvres sèches et minces du scientifique en injectant le contenu dans sa fiole dans une grande bassine.
    - Se soucient-ils au projet ou bien à l’enfant ? demanda enfin le scientifique, ironique.
    L’homme masqué ne répondit guère, souriant lui aussi. Une question rhétorique, à n’en pas douter. Le scientifique marmonnait dans sa barbe, faisait des gestes rapides et précis, les verres de ses lunettes reflétant sinistrement le bleu des néons.
    Puis d’un geste plus lent cette fois, actionna un manche d’acier.
    - Zeus, …Zeus,…Zeus, répéta-t-il pour lui seul. Roi des cieux, tu m’as offert un bijou !
    Il regardait l’enfant, admiratif. Le liquide de la bassine commençait à remonter les tuyaux reliés au petit corps frêle.
    - Les Neufs, dit plus haut le scientifique, n’auront pas à s’inquiéter.
    D’un seul coup, les yeux de l’enfant se rouvrir. Des yeux perses luisants d’une grande beauté. Des yeux affolés et horrifiés. Le liquide avait traversé complètement les tuyaux et affluaient dans son organisme tel un poison mortel. Les deux hommes se délectaient du spectacle : le corps de la toute jeune fille se débattant dans l’eau, impuissante.
    Le scientifique actionna un autre manche, sans réussir à retenir un petit râle de plaisir.
    Dans la cuve, des petits pics de fers pointus se mirent à tourner rapidement et à se rapprocher de l’enfant. Soudain les pics rentrèrent dans la chair et du sang se mit à teinter la cuve. L’enfant sembla hurler de douleur.
    - Car il n’y aura pas plus grand chef-d’œuvre, conclut le scientifique.
        
     


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