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               L’encombrante SUV Mercedes Benz des « Free Fire » se frayait difficilement un passage sur la route. Il était près de dix-neuf heures et déjà se formait les embouteillages d’Itown à Londres. Selon le chauffeur il faudrait attendre encore une bonne demi-heure pour en sortir puis trois quart d’heure de route vers Penvanya la ville où ils allaient maintenant s’installer. Tous voyaient d’un très mauvais œil ce départ précipité vers une ville minuscule quasiment perdue et pourtant si proche de Londres. Londres, capitale où ils étaient encore hier, et où ils vivaient une énorme gloire quasi internationale.
    La décision venait malheureusement du Grand Conseil et ils ne pouvaient pas y désobéir.
    Le Grand Conseil leur permettait une certaine sécurité, en échange de quoi ils assuraient la sécurité de la population. Ce qui était la meilleure façon de ne pas se faire repérer.
    Sauf qu’une autre famille, beaucoup plus puissante, avait décidé de s’installer à Londres. Cette famille était très dangereuse, même pour eux, et mieux valait ne pas s’en approcher.
    C’est pourquoi le Grand Conseil les avait déplacés. Dans un coin suffisamment reculé pour qu’on en entende pas parler, mais suffisamment proche pour ne pas devenir sourd.
    Byron et Aron étaient occupés à faire quelques tours de magie, faisant apparaître et disparaître des cartes accompagnés de « pouf-pouf ! » incessants. Dylan quant à lui pianotait sur son portable et regardait d’innombrables portraits de filles, toutes plus belles les unes que les autres, et envoyés une bonne dizaine de messages pour réussir à en draguer quelques-unes.
    Ce qui n’était pas vraiment difficile lorsqu’on était une star du rock d’une beauté irrésistible.
    Il remit alors ses longues nattes blondes sur le côté droit de son cou et regarda son frère avec attention. Il avait l’air perdu sans ses pensées.
    - A quoi penses-tu donc Ian ? demanda-t-il.
    - La raison pour laquelle cette famille resurgit de nulle part, dit-il sans détacher son regard du paysage extérieur.
    - Ce sont des Alphas, tu sais comment ils sont : imprévisibles, manipulateurs…
    - C’est ce que je trouve intéressant, coupa Ian, s’ils viennent à Londres où siègent le Grand Conseil ce n’est sûrement pas pour les provoquer. Ils doivent chercher quelque chose.
    - Raison de plus pour ne pas s’en mêler, c’est extrêmement dangereux. Même pour des gens comme nous, précisa Dylan avec un sourire ravageur.
    Des quatre frères, Dylan était celui qui accordait le plus d’attention à sa beauté charmeuse. Il était un véritable Don Juan, certes, mais c’était aussi l’aîné et était très rusé et prévoyant. Byron et Aron, sous leurs airs joueurs, étaient extrêmement malins et de véritables acrobates tandis que Ian, le plus sombre des frères, était le plus dangereux.
    Le plus dangereux car il était incroyablement puissant et intelligent, avec un petit air sadique mais il était aussi et surtout très curieux.
    - Qu’est-ce que tu faisais avec la serveuse du resto ? demandèrent en même temps les jumeaux.
    - Très bonne question, approuva Dylan, elle s’appelle comment déjà ?... Ah oui, Lucie.
    Ian soupira un moment, et passa une main dans ses cheveux blonds en pagailles.
    - J’étais poursuivi par une bande de fans complètement fanatiques et il se trouve qu’elle était sur mon chemin, dit-il d’un ton fatigué.
    Mais ses frères ne semblaient pas satisfaits de l’explication et le regardaient, les yeux pétillants d’excitation nouvelle. Leur jeune frère ne s’intéressait pas beaucoup aux autres, encore plus des jeunes filles de son âge (même si Lucie semblait très différente et avait un peu trop de caractère à leur goût, mais cela les changeait).
    Il leur raconta alors tout, et ses frères furent ébahis.
    - Lucie a réussi à tenir la cadence ? demanda Dylan. D’après ce que tu dis, elle était vachement énergique. Un peu trop même, par rapport aux humains normaux.
    - Oui, je l’avais remarqué. Mais ce qui m’inquiète le plus ce n’est pas Lucie mais plutôt cette licorne et ces deux lions fanatiques.
    - En effet, dit son frère, on les voit de plus en plus souvent. Ce doit être des journalistes qui essaient d’obtenir un potin croquant.
    La discussion se finit là, Dylan pianotant de nouveau sur son téléphone et les jumeaux retournèrent à leurs tours de magie. Ian quant à lui, réfléchissait toujours et son regard se perdait au loin.
    Il avait menti.
    On sentait chez Lucie un étrange mystère, quelque chose d’étrange, fascinant et dangereux à la fois. Il l’avait remarqué, son côté hors du commun n’était pas dut au hasard, surtout pour une humaine comme elle.
    Lorsqu’ils étaient dans la ruelle sombre, et lorsqu’ils sautaient du haut de l’immeuble, il n’avait pu que constater ses étranges yeux violets.
    Qui s’illuminaient dans la pénombre. Brièvement, mais cela se voyait.
    Soudain, Dylan se tourna et ouvrit une grosse boite en plastique qui contenait des sachets. Il sortit un verre et commença à se servir à boire. Ian, sentit une bonne odeur qui fit frémir ses narines le sortit de ses songes.
    - Un petit verre, mon frère ? demanda Dylan.
    - Avec plaisir, remercia Ian.
    Il prit délicatement le verre dans une main, et fit tanguer le liquide rouge à l’intérieur en le regardant d’un air satisfait.
    Son sourire carnassier était revenu.


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  •             Ian avait réagi au quart de tour et lui avait attrapé la main, l’entrainant dans une course folle. Ils tournaient précipitamment, esquivaient les obstacles, et balayaient les gens sans jamais s’arrêter de courir. Ils couraient même très vite, … trop vite. Lucie avait l’impression que si elle lâchait sa main il irait cinq fois plus vite mais il n’avait pas l’air d’avoir l’intention de la lâcher et on sentait qu’il se retenait de ne pas accélérer.
    Elle était à bout de souffle et sentait que la douleur d’une pointe de côté allait bientôt lui rendre visite. Les centaines de personnes à leurs trousses n’étaient pas facile à semer, et leurs cris résonnaient dans toutes les rues de la ville. Etaient-ils de plus en plus nombreux ?
    Ils rentrèrent alors dans un immense immeuble –probablement une entreprise de pub- et Lucie faillit exploser de rire en voyant le regard des employés qui étaient ébahis devant un tel spectacle. Lorsqu’un des poursuivants rentra avec un déguisement de licorne verte fluo, les agents de sécurité réagirent enfin. Ils étaient plutôt longs à la détente, mais la licorne les avait réveillés, si bien que Lucie vit par le miroir un admirable plaquage. L’animal était neutralisé, mais pas ses deux amis lions qui rentrèrent dans la bagarre.
    Les deux jeunes gens montèrent les escaliers quatre par quatre jusqu’au troisième étage et prirent un virage serré à droite pour rentrer discrètement mais rapidement dans une salle.
    Qui était remplie par des employés, bouches grandes ouvertes, et en pleine réunion marketing.
    Ian et Lucie étaient plaqués contre la porte, le jeune homme faisant signe de ne faire aucun bruit aux employés sous le choc, et laissant passer la foule en délire. Ian tira la capuche de Lucie et lui dit de la mettre tout en faisant de même.
    Après qu’ils se soient un peu éloignés, ils sortirent –laissant des personnes aux bords de l’évanouissement- et prirent l’ascenseur. Qui était lui aussi remplit.
    Par une licorne verte fluo et deux lions.
    La jeune fille s’enfonça la tête dans sa capuche et laissa Ian appuyer sur le bouton. L’ascenseur se mit en route, direction quinzième et dernier étage. Les trois bêtes étaient dans leur dos et on sentait une légère tension. Légère tension accompagnée d’un magnifique et léger mambo offrant une musique d’ambiance.
    Elle jeta un coup d’œil à Ian, qui portait un sourire narquois aux lèvres. Il avait l’air d’extrêmement s’amuser, et bizarrement elle aussi.
    L’ascenseur s’arrêta brusquement au treizième étage et la licorne, suivit de ses deux acolytes, sortirent. Lucie émit un soupir de soulagement, jusqu’à ce que Ian appelle les trois peluches ambulantes en leur tirant la langue et en retirant sa capuche.
    Les portes se refermèrent sous leur nez et la jeune starlette remis sa capuche en ricanant. Elle ne riait pas du tout et aurait bien voulu lui mettre une autre baffe. L’ascenseur reprit la montée.
    - Non mais t’es malade ? s’exclama-t-elle. Ils t’auraient fichu la paix si t’avais rien fait !
    - « t’aurais » ? Je dirais plus « nous airaient » ma belle, ronronna-t-il, d’ailleurs prépare toi à courir.
    Et avant qu’elle n’ait pu rajouter un mot, les portes s’ouvrirent à nouveau et Ian l’entraîna à l’extérieur.
    Il n’avait pas lâché sa main.
    La licorne et les deux lions arrivèrent – essoufflés tout de même – et reprirent leur chasse en criant de toute leur force. Ian, lui, rigolaient d’un rire qui faisait froid dans le dos. Trop occupée à courir, Lucie n’avait pas réellement fait attention à la direction qu’ils prenaient et quand elle s’en rendit compte, elle crut (encore une fois) qu’elle allait mourir.
    D’une chute vertigineuse.
    Mais Ian ne paraissait pas prêt à s’arrêter.
    - Ian, hurla-t-elle, s’il te plait arrêtes-toi ! On va tomber de quinze étages, à moins que tu sois un chat…
    - Est-ce que tu me fais confiance ? lui demanda-t-il en la coupant.
    - J’ai vraiment besoin de répondre ? dit-elle paniquée.
    Non, elle n’avait pas besoin. Cela faisait quelques heures qu’ils se connaissaient, une bonne demi-heure de course poursuite, et depuis qu’elle l’avait rencontré sa journée avait basculé dans un délire total.
    Soudain il la prit dans ses bras, attrapant ses jambes si rapidement qu’elle crut qu’ils allaient se casser la figure. Il continua à courir et accéléra. Lucie n’y croyait pas elle-même, on aurait dit qu’elle ne pesait rien ou était aussi légère qu’une plume. Ian courrait avec une agilité incroyable.
    Puis ils sautèrent.
    Lucie n’eut pas assez de souffle pour crier tellement elle avait peur. La chute se passa au ralentit, le vent soufflant dans leur cheveux, et elle retint sa capuche et s’y agrippa comme si sa vie en dépendait. Ian, quant à lui, riait à cœur joie.
    Il était complètement fou !
    Ils atterrirent avec une étrange douceur, sans dommage sur l’immeuble d’en face qui devait avoir au moins quatre étages de moins que le précédent. Ian la fit descendre délicatement et se retourna de façon théâtrale vers ses trois fans et fit sa plus belle révérence.
    Les trois bestioles qui auraient dût se sentir furax, étaient au contraire euphoriques et applaudissaient à s’en briser les mains.
    Ils étaient tous complètements fous.
               Ian lui reprit la main, il avait dut remarquer son état proche du traumatisme. Ils coururent encore une bonne demi-heure et s’arrêtèrent enfin près d’un café. Lucie regarda sa montre : il était dix-huit heures passé et la nuit commençait déjà à tomber. De plus il commençait à faire froid, on était en novembre et on se doutait qu’il neigerait dans les semaines à venir. Ils marchèrent encore un peu, main dans la main, le temps que Lucie se calme et fasse retomber la pression ainsi que son adrénaline. Elle se mit peu à peu à frissonner.
    - Il faut que je rentre chez moi, déclara la jeune fille.
    - Oh pauvre enfant, ricana Ian, tes parents t’attendent et tu dois vite partir avant qu’ils ne s’inquiètent ?
    Ses yeux devinrent sombres et elle ne répondit pas. Elle lâcha sa main sèchement et s’arrêta pour remettre en place son sac et vérifier que son appareil photo n’avait reçu de chocs.
    Ian se rapprocha d’elle, tout en replaçant comme il faut sa capuche, histoire qu’ils n’aient pas de nouveau à prendre la fuite. Il ne refit plus de remarques et la laissa fouiller dans son sac nerveusement.
    Une énorme voiture noire, sortit de nulle part et s’arrêta devant eux. L’une des fenêtres tintées s’ouvrit, et la tête de l’un des jumeaux sorti. Il s’agissait d’Aron.
    - C’est pas bien de flirter avec une serveuse, ronronna-t-il, il parait qu’elles sont dangereuses.
    - Flirter non merci, mais dangereuse oui sans doute, approuva Ian avec un sourire ironique aux lèvres.
    Lucie commençait à en avoir marre à être fatiguée. Elle avait eu l’impression de passer sa journée à courir –ce qui n’était pas tout à fait faux- et qui plus est une mauvaise journée.
    - Tu veux qu’on te ramène ? demanda-t-il.
    - Non, merci mais non ! s’exclama Lucie. J’ai eu assez de problèmes comme ça, si je suis une minute de plus avec toi ou l’un d’entre vous il va m’arriver trop de choses en même temps.
    Elle tourna la tête en entendant un klaxon : un bus arriva au moment même.
    Son bus.
    La jeune fille rentra rapidement à l’intérieur et s’asseyait sans un regard pour Ian et ses amis. C’était la dernière fois qu’elle aurait affaire à des stars du rock ! Enfin elle l’espérait. Le pire c’est qu’ils étaient tous complètement dingue, et jamais, à un seul moment, le sourire de Ian avait pu paraître rassurant ou bienveillant. Tout le contraire même : un sourire à en faire froid dans le dos.


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    RESUME:    
       
               Lucie Peters, 17 ans, plutôt populaire dans son lycée car d'une beauté incroyable et dotée d'étranges yeux couleur violette, n'est que l'ombre d'elle même.
    Solitaire, pas très appréciée par les autres filles de son établissement scolaire, travaillant à mi temps dans un restaurant nommé "Chez Bo'", sa vie était une incontestable routine à laquelle elle essayait tant bien que mal de s'accrocher pour ne pas sombrer dans la dépression, jusqu'à ce qu'elle croise leur chemin.
    Entraînée dans le monde de la nuit, peut-être aurait-elle préférée s'offrir à la mort plutôt que de se confronter à un histoire familiale qu'elle ne voulait pas connaître.
    Entre un passé à surmonter et un avenir non désiré, Lucie devra d'abord à affronter ses propres démons.

    Genre: Fantastique

     

     

     


    6 commentaires

  • Merci de ne pas plagier mes textes, les mettre à votre nom ou pire: les publier ! ♥

     

    Il est évident que le plagiat de mes textes (ou de mes tutoriels...) ne sont pas autorisés.
    C'est ce qu'on appelle le principe du respect: ♣ je te respecte/ tu me respectes/ nous nous respectons ♣
    Bien sûr vous pouvez très bien vous servir de modèle ou vous inspirer de ce que je peux poster sur ce blog mais vous ne pouvez pas les prendre et les mettre en votre nom.


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  • Apprends comme si tu devais vivre pour toujours,
    et vis comme si tu devais mourir ce soir !
                          
    Proverbe Tibétain


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